A red python being gently held by a person indoors, showcasing its intricate scales.

L’emprise toxique et ses conséquences

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Pourquoi est-il si difficile de quitter un pervers narcissique ou de le mettre à distance de sa vie ?

Quitter un pervers narcissique est un parcours semé d’embûches. Beaucoup de mes patients victimes de pervers narcissiques ( conjoints, parents) prennent conscience de la toxicité de la relation, mais se heurtent à des obstacles psychologiques, émotionnels et pratiques qui rendent la rupture complexe. Pourquoi est-il si difficile de se défaire d’un pervers narcissique (PN) ? Quels mécanismes sont à l’œuvre ?je vais d’analyser pour vous les raisons de cette difficulté et vous proposer des stratégies pour vous libérer de cette emprise toxique et destructrice.

1. L’emprise psychologique : un conditionnement profond

La manipulation mentale

Le pervers narcissique utilise des techniques de manipulation sophistiquées :

  • Gaslighting (ou gaslightage) : il vous fait douter de votre propre perception de la réalité. Il peut nier des faits évidents, altérer la vérité et vous faire croire que vous perdez la raison.
  • Injonctions paradoxales : il vous donne des ordres contradictoires, vous plaçant dans une situation où vous avez toujours tort. Par exemple, il peut vous reprocher d’être trop distant(e), puis vous accuser d’être envahissant(e) lorsque vous cherchez à vous rapprocher.
  • Alternance de phases de valorisation et de dévalorisation : il souffle le chaud et le froid pour renforcer votre dépendance. Lorsqu’il vous complimente ou vous donne de l’affection, vous avez l’impression qu’il change et vous espérez un avenir meilleur. Mais ces phases positives sont suivies d’humiliations et de critiques.

Le lien traumatique

Le pervers narcissique installe un véritable lien d’emprise basé sur le traumatisme. Ce phénomène repose sur l’alternance de moments de souffrance intense et de récompense. Le cerveau, conditionné à ce schéma, associe la douleur à un besoin de rechercher des moments positifs avec le bourreau. Ce lien peut être assimilé à une forme d’addiction : la victime est en attente de la phase de récompense et reste enfermée dans la relation.

Le pervers narcissique peut aussi utiliser des souvenirs heureux pour justifier son comportement actuel. « Tu te souviens quand on était bien ensemble ? » Il joue sur la nostalgie pour maintenir son emprise et alimenter l’espoir d’un retour à une relation harmonieuse, qui en réalité n’a jamais existé de façon saine.

Beaucoup de mes patients et patients souffre de stress post-traumatique conséquent à cette relation destructrice.

2. La peur et l’isolement

La peur des représailles

Le pervers narcissique est un expert en intimidation. Lorsqu’il sent que sa victime commence à lui échapper, il peut intensifier ses stratégies de contrôle :

  • Menaces explicites : « Si tu pars, je vais détruire ta réputation », « Tu ne reverras jamais les enfants », « Je vais me suicider et ce sera de ta faute ».
  • Harcèlement : messages incessants, appels répétés, surveillance, apparition soudaine dans des lieux où se trouve la victime.
  • Intimidation physique : dans certains cas, le PN peut avoir recours à la violence physique ou au harcèlement de la victime et de ses proches.

La peur des représailles peut être paralysante. Les victimes se sentent prises au piège et préfèrent rester dans la relation par peur des conséquences.

Je vois chaque jours des personnes victimes de PN me dirent qu’ils vivent dans la peur depuis des années.

L’isolement social

Un des stratèges majeures du pervers narcissique est d’éloigner sa victime de toute personne qui pourrait l’aider à prendre conscience de l’emprise et à s’en libérer. Il peut le faire de plusieurs manières :

  • Dévaloriser les proches : « Ta famille ne t’aime pas vraiment », « Tes amis sont jaloux de nous », « Ton entourage te monte contre moi ».
  • Créer des conflits : Il invente des histoires, monte la victime contre ses amis et sa famille, l’amenant à s’isoler.
  • Exercer un contrôle sur les contacts : interdire certains appels, empêcher les sorties, surveiller les réseaux sociaux et les messages.

Peu à peu, la victime se retrouve seule, ce qui la rend encore plus vulnérable à l’emprise du pervers narcissique.

3. La dépendance affective et la culpabilité

Un attachement toxique

Le pervers narcissique sait parfaitement créer une dépendance affective intense chez sa victime. Il lui fait croire qu’elle a besoin de lui, qu’elle ne pourra jamais retrouver quelqu’un d’autre ou qu’elle n’a pas de valeur sans lui.

Il joue sur les failles de la victime, en exploitant ses blessures d’abandon, de rejet ou de manque de reconnaissance. Il peut aussi instiller un sentiment de vide profond : « Sans moi, ta vie n’aura plus aucun sens ».

Ce type de manipulation pousse la victime à rester dans la relation, par peur de l’inconnu, de la solitude et du rejet.

Le sentiment de culpabilité

Le PN est passé maître dans l’art de renverser les responsabilités. Il se positionne souvent en victime et fait porter à l’autre la culpabilité de la relation toxique :

  • « Si tu pars, tu me détruis » : Il menace de sombrer, jouant sur la sensibilité de la victime.
  • « Tu exagères tout » : Il minimise ses actes et fait passer la victime pour quelqu’un de trop sensible.
  • « Tout ça, c’est de ta faute » : Il retourne la situation et reproche à la victime ses propres comportements toxiques.

Le poids de la culpabilité est tel que la victime se persuade parfois qu’elle doit rester pour « réparer » la relation, alors qu’elle n’est en réalité en rien responsable du dysfonctionnement de celle-ci.

4. La difficulté de mettre à distance un parent narcissique

Lorsqu’un pervers narcissique est un parent, la mise à distance devient encore plus compliquée. Le lien familial est souvent perçu comme sacré, ce qui renforce la culpabilité de la victime à l’idée de s’éloigner. Le parent PN peut utiliser différentes stratégies pour maintenir son emprise :

  • La culpabilisation : « Après tout ce que j’ai fait pour toi, tu me tournes le dos ? »
  • L’inversion des rôles : Il peut jouer la victime et accuser l’enfant d’être ingrat, cruel ou égoïste.
  • Les intrusions dans la vie privée : Appels incessants, critiques des choix de vie, tentatives de manipulation même à l’âge adulte.
  • L’utilisation des autres membres de la famille : Il peut se servir de frères, sœurs ou proches pour faire pression sur la victime et la ramener sous son contrôle.

Mettre à distance un parent PN demande une prise de conscience et un travail psychologique profond. La mise en place de limites strictes (contact limité, distance émotionnelle) est essentielle pour protéger son équilibre mental.

5. Stratégies pour se libérer d’un pervers narcissique

  • 1. Prendre conscience de l’emprise : La première étape est d’identifier la manipulation et d’accepter la réalité toxique de la relation.
  • 2. Renforcer son estime de soi : Travailler sur l’affirmation de soi, consulter un thérapeute et pratiquer l’auto-compassion sont essentiels pour briser le cycle de la dépendance affective.
  • 3. Mettre en place le no-contact : Limiter voire couper toute communication avec le PN permet de diminuer son influence et de retrouver une stabilité émotionnelle.
  • 4. S’entourer d’un réseau de soutien : Famille, amis et professionnels peuvent jouer un rôle clé pour apporter du soutien moral et logistique.
  • 5. Se reconstruire progressivement : Prendre du temps pour soi, pratiquer des activités qui procurent du bien-être et envisager une nouvelle vie sans emprise.

Si vous êtes sous emprise ou en difficulté, n’attendez plus : contactez-moi et je pourrai vous aider à retrouver votre liberté et à retrouver confiance en vous.

Christelle Abeillon-Kaplan


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